Rendez-vous
La nuit avait enfilé ses chaussons
Et aux recoins soyeux de ses cachettes
Dans ses noirs épais cent pour cent coton
A tiré ses aiguilles’ poltron minette
Aux plis des feuilles, aux rondeurs des nervures,
Elle enroulait des fuseaux de dentelles
Déployait chaque point à la mesure
De ses kilomètres de nœuds d’ficelle
Le froid de ses doigts gourds tissait l’écho
Des embruns de la mer, ses vagues brumes
Qui s’accrochaient comme on se jette à l’eau
Roulés au cou de l’air comme des plumes
Dans une odeur apaisée de cristal
L’écorce hissait ses points entrelacés
Et les bourgeons aux mines un peu bancales
Bâtissaient des chemins en déhanché
Les araignées toujours strictes en besogne
Enguirlandaient ses canevas de verre
Qui se déchiraient, mais d’un coup de pogne,
Elles remettaient leurs filets de travers
Des limbes aux derniers mirages d’automne
Lui prêtaient un corsage aux couleurs pâles
Et des graines aux excentriques hormones
Figeaient le vent et ses mousseux dédales
Jusqu’au dernier du plus petit brin d’herbe
La dame noire ajustait son ouvrage
Dans le silence de son cœur sans verbe
Une robe à l’éclat rond d’un nuage
Et puis le p’tit matin s’est réveillé
Crachin, il tâtonnait dans la lumière,
A bu son noir dans un nuage’ de lait
Et a tout balancé l’projo d’la terre
Le ciel s’est penché d’un œil bleu sans aile
Il s’est fondu dans les fils de ses blancs
Ses larmes glacées la trouvaient si belle …
La nuit avait enlacé son amant
1er janvier 2017
© Ysa Gudule
