Les mots de Marion - les ailes du désir - Wim Wenders
Comme si il fallait parfois se pencher pour continuer à vivre.
Vivre, un regard suffit.
C’est drôle, je ne ressens rien.
C’est la fin, je ne ressens rien.
Comme si la douleur n’avait pas de place.
Tous ces gens, ces gens qui restent dans ma tête.
Enfin dehors, dans la ville, trouver qui je suis.
La plupart du temps, je suis trop consciente pour être triste.
J’ai attendu une éternité pour que quelqu’un me dise un mot affectueux.
Ce serait tellement beau !
Je regarde devant moi et le monde se lève devant mes yeux, me monte au cœur.
Une femme seule, puissamment seule.
La peur !
La peur !
La peur !
La peur d’un petit animal dans un bois.
Qui es-tu ?
Je ne sais plus.
Ne pas pleurer.
Pas envie de pleurer.
Mais pas envie du tout.
Le vide !
Le vide ! Ne plus penser à rien.
Perdue.
Ici, je suis étrangère ; et pourquoi tout est familier.
De toute façon, je risque pas de me perdre, on arrive toujours au bout.
J’attendrais une photo dans le Photomaton et
il en sortirait une photo avec un autre visage...
et ça serait le début d’une histoire.
J’ai envie de voir des visages.
Comment dois-je vivre ?
C’est peut-être pas ça la question.
Comment dois-je penser ?
Je sais si peu de choses.
Peut-être parce que je suis trop curieuse.
Je pense souvent de façon si fausse.
Parce que je pense comme si je me parle et en même temps à quelqu’un d’autre.
A l’intérieur des yeux fermés, fermer encore les yeux.
Même mes pierres se mettent à vivre.
Les couleurs, néons dans le ciel du soir.
Métro aérien rouge et jaune.
Il me suffit d’être prête et tous les hommes du monde me regarderont.
Nostalgie d’une vague d’amour qui monte en moi.
C’est ça qui ne cesse de me rendre maladroite.
L’absence de plaisir.
Envie d’aimer.
Envie d’aimer.
Finis le rêve, fini.
De nouveau, le soir tombe dans ma tête, la peur de la mort.
Pourquoi pas la mort ?
L’essentiel, parfois, n’être rien que beau.
Se regarder dans le miroir, c’est se regarder penser.
Qu’est-ce que tu penses alors ?
Je pense que j’ai bien le droit encore d’avoir peur et non plus d’en parler.
Tu n’es toujours pas devenue aveugle ; un cœur bat toujours.......
Et voilà que tu pleures !
Tu voudrais pleurer comme une toute petite fille qu’a un beau chagrin.
Tu sais pourquoi tu pleures ?
Pour qui ?
Pas pour moi !
Non, je ne sais plus.
J’aimerais savoir.
Je sais rien.
J’ai un petit peu peur.
C’est parti.
C’est plus là.
Ca va revenir.
C’est pas grave.
Je ne pourrais pas dire qui je suis.
Je n’en ai pas la moindre idée.
Je suis quelqu’un sans origine,
sans histoire,
sans pays, ...... Et j’y tiens.
Je suis là.
Je suis libre.
Je peux tout m’imaginer.
Tout est possible.
Je n’ai qu’à lever les yeux et je redeviens le monde.
Maintenant, sur cette place,
un sentiment de bonheur que je pourrais avoir toujours.
Un jour, ça doit être sérieux.
J’ai beaucoup été seule, mais je n’ai jamais vécu seule.
Quand j’étais avec quelqu’un, mais je prenais tout pour un hasard.
Ces gens étaient mes parents, mais d’autres auraient pu l’être. Pourquoi celui aux yeux bruns était-il mon frère et non celui aux yeux verts du quai d’en face ? La fille du chauffeur de taxi était mon amie, mais j’aurais pu aussi bien passer le bras au cou d’un cheval. J’étais avec un homme, amoureuse, et j’aurais aussi bien pu le planter là et partir avec l’inconnu que je croisais dans la rue.
Regarde-moi ou ne me regarde pas.
Donne-moi la main, ne me la donne pas.
C’est nous qui sommes le temps à présent.
La ville entière, non, le monde entier prend part à notre décision.
Nous deux sommes plus que deux désormais. Nous incarnons quelque chose.
Nous voilà sur la place du peuple, et toute la place est pleine de gens qui rêvent de la même chose que nous. Nous déterminons le jeu pour tous ! Je suis prête ! C’est à ton tour maintenant, tu as le jeu en main.
Maintenant ou jamais !
Tu as besoin de moi. Tu auras besoin de moi.
Il n’y a pas d’histoire plus grande que la notre, celle de l’homme et de la femme.
Ce sera une histoire de géants, invisibles, transmissibles,
une histoire de nouveaux ancêtres.
Vois mes yeux, ils sont l’image de la nécessité de l’avenir de tous sur la place.
La nuit dernière, j’ai rêvé d’un inconnu, de mon homme.
Avec lui seul je pourrais être solitaire, et m’ouvrir à lui.....
..... m’ouvrir toute pour lui, le laisser entrer en moi, tout entier,
l’entourer du labyrinthe de la joie commune.
Je le sais, c’est toi.
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